Boris Cyrulnik nous démontre dans une conférence « la biologie de l’attachement ». La théorie voudrait que le bébé s’attache à sa maman car elle le nourrit mais l’alimentation fonde t-il l’amour ? Un dispositif expérimental a été mis en place avec des singes afin d’y répondre. Un enfant a avant tout un besoin de sécurité avant de manger. S’il ne se sent pas sécurité, il ne mangera ou mangera mal. Il privilégie avant tout la sécurité au détriment de l’alimentation. Les singes ont dans cet exemple été choisis car ils ont un cerveau limbique identique au nôtre ainsi qu’une mémoire des émotions aussi importante que la nôtre.
Mr Cyrulnik insiste sur le fait qu’ un bébé sécurisé aura davantage la force de découvrir, d’explorer et d’apprendre. Vers 10 mois, selon une étude, deux enfants sur trois seraient sécurisés et peuvent donc explorer. En présence d’un étranger, un enfant sécure va vers lui, babille alors qu’ un enfant insécure reste blotti contre son parent, confus. Un enfant sur trois serait donc en conflit ou en souffrance. Un enfant qui se développe seul ne pourra se développer. Un enfant abandonné est isolé affectivement. Cela peut avoir de grands dégâts neurologiques, alors que biologiquement, cet enfant était sain. La manière de parler à un enfant a une représentation importante pour l’enfant qui va le structurer. Aussi, un enfant à qui l’on ne parle pas ou peu, ne parlera pas. On parle de pseudo autisme qui se développe dans un contexte ou l’enfant n’est pas considéré. Si l’on ne fait rien rapidement, cela peut vite devenir une catastrophe afin de rattraper le retard neurologique. La privation sensorielle précoce est un facteur de vulnérabilité neurosocial précoce. Tout traumatisme subi tôt dans l’enfance mais aussi pendant une grossesse a des interactions très fortes sur l’évolution de l’enfant et particulièrement à l’adolescence pendant laquelle il peut ressentir des émotions fortes de s’autoagresser (ex :scarification, aventure sexuelle). Mr Cyrulnik évoque aussi le nanisme affectif, ces enfants plus petits qu’ils devraient être (biologiquement sain). Avant de dormir, ces enfants en carence affective ont peur et s’endorment par épuisement. Il n’existe pas de phase lente dans leur sommeil, celle qui stimule la base du cerveau et les hormones de croissances et sexuelles. La présence de l’autre est donc biologiquement indispensable. Qui plus est une présence nourrissante affectivement parlant fera grandir nos enfants physiquement et émotionnellement pour leur plus grand bien être. D’ailleurs, une expérience a été démontré avec des canetons que l’on ne s’attache pas à n’importe qui, n’importe quand. Les canards dans cette expérience avait un réel besoin d’attachement à une heure précise et il fallait que l’objet soit là pour le sécuriser. S’il n’était pas là, le caneton paniquait et pouvait avoir une diarrhée émotionnelle. Mr Cyrulnik parle des différents acteurs dans l’attachement. Il y a la constellation de la famille, parents, fratrie, grands parents mais aussi les tuteurs de développement (amis, professeurs, animaux) ; Parfois ces tuteurs prennent le relais de manière formidable quand la famille n’est pas à la hauteur. On parle aussi des petits transporteurs de sérotonine et des grands transporteurs de sérotonine. Les petits transporteurs ont un besoin d’attachement plus important avec une vIe stable, organisé, des parents très aimants alors que les grands transporteurs de sérotonine s’attachent plus difficilement et aiment pendre des risques. Nous n’avons donc pas tous biologiquement parlant les mêmes besoins d’un point de vue neurologique.
Ma deuxième étude poste sur le livre L’ATTACHEMENT, UN LIEN VITAL de Nicole Guedeney. Elle définie l’attachement comme « en cas de détresse on se tourne vers cette personne spécifique pour y trouver un sentiment de sécurité ». Elle confirme comme Bowlby que si les premières relations d’attachement existent, l’enfant construira des relations d’attachement tout au long de sa vie.
Le plus compétent des bébés ne peut réguler tout seul les émotions telles que la peur, le chagrin ou la colère, si elles dépassent une certaine intensité.
Un bébé ne peut pas ne pas s’attacher : quelle que soit la réponse de l’adulte qui s’occupe d’eux, les bébés s’y attacheront. Il faut des circonstances extrêmes pour présenter ce trouble grave qu’est l’absence d’attachement (hospitalisation extrêmement longue,orphelinats).
Il existe plusieurs étapes d’attachements pour un bébé :
La première phase commence à la naissance et dure trois mois. Dès la naissance, le bébé cherche à obtenir un contact avec les autres. Il est alors très dépendant de son environnement et des réponses que celui-ci va apporter à ses sollicitations, car il a peu de possibilités à la fois motrices et cognitives pour pouvoir obtenir la proximité dont il a besoin. Dans cette première phase de développement, les comportements ne sont pas dirigés vers une figure particulière, mais vers les êtres humains. Le bébé aura tout de même tendance à rechercher la voix de sa maman et son odeur.
La seconde phase s’étend entre trois et six mois. Le premier changement important est le développement de la capacité de l’enfant à contrôler ses systèmes de comportement. Il va chercher à obtenir la proximité de sa figure d’attachement en tendant les bras ou en s’accrochant. Le second changement est l’aptitude de l’enfant à différencier les gens qui lui sont familiers de ceux qui lui sont étrangers. L’enfant va davantage chercher sa maman que les autres. Ces comportements dirigés sont surtout les cris et les pleurs quand la figure d’attachement quitte l’enfant mais aussi les sourires, les vocalisations. Le sourire social sélectif apparaît à partir de trois à quatre mois. L’enfant sourit moins aux étrangers et davantage aux personnes qu’il connaît. Les cris de
l’enfant restent des comportements qui favorisent le rapprochement de l’adulte.
La troisième phase commence vers six à neuf mois et dure jusqu’au début de la troisième année. C’est l’établissement du phénomène de base de sécurité. Cette phase est marquée par des changements importants dans les capacités motrices, cognitives et de communication de l’enfant. Le développement de sa motricité lui permet d’être actif dans la gestion de la distance qu’il peut supporter avec sa figure d’attachement. Cette phase se caractérise par le fait que l’enfant différencie ses figures d’attachement et envoie de manière spécifique des signaux d’attachement.
Un enfant malade, fatigué ou dans un environnement inconnu, aura besoin davantage de la proximité physique de sa figure d’attachement pour se rassurer. On parle de système d’attachement « orienté ».
Dans les circonstances habituelles, madame Guédeney souligne que l’on s’attache à des personnes adultes. Mais dans des environnements plus hostiles, on peut s’attacher à un frère, à une sœur et même un animal !
En faites, c’est la figure qui a répondu le plus souvent, le plus rapidement et le plus adéquatement.
Un enfant, lorsqu’il est alarmé et s’il a établi avec la mère un lien d’attachement de qualité, va immédiatement revenir vers elle pour retrouver le sentiment de sécurité qu’il a perdu. C’est l’équilibre entre les processus d’attachement et d’exploration qui définit la notion de sécurité. L’enfant s’éloigne de sa mère pour explorer et revient vers elle, de temps en temps, ou en cas de stress.
D’après une étude, 60 % des enfants attachés de manière sécure ont tendance à protester lors des séparations et à accueillir leur mère lors de son retour avec plaisir (sourire, vocalisation ou geste) ou en recherchant la proximité avec elle, et, enfin, à retourner jouer après avoir été réconfortés.
L’attachement sécure à douze mois est prédictif d’un développement émotionnel, cognitif et social de meilleure qualité : confiance en soi, sentiment de compétence personnelle, empathie et compétences sociales.
Les autres, les insécures (40%) paraissent peu affectés par la séparation, tendent à éviter la proximité et le contact avec la mère lors des retrouvailles, et focalisent leur attention sur les jouets, plutôt que sur leur mère, dont ils savent qu’elle ne leur donnera pas de réconfort dans ce type de situation. Ils éprouvent une détresse et apprennent à se débrouiller seuls.
Plus l’enfant est jeune, plus des changements de l’environnement pourront facilement modifier ces modèles du monde et de soi. Plus l’enfant grandit, et plus il faudra des changements environnementaux profonds et durables pour que de nouveaux modèles se surajoutent aux anciens.
Ma troisième étude porte sur La théorie de l’attachement de Bowlby, développé en 1958 qui selon elle, les bases relationnelles de tout individu se forgent et sont déterminées par les relations vécues dans la toute petite enfance.
Bowlby, disait « l’attachement est actif depuis le berceau jusqu’à la tombe ». Afin qu ‘un jeune enfant connaisse un développement social et affectif équilibré, il doit construire une relation d’attachement avec au moins une personne qui prendra soin de lui de façon régulière et cohérente. Il l’appelle le « caregiver ».
Un bébé manifeste ses besoins uniquement par les pleurs. Bien souvent la mère joue ce rôle de « caregiver » mais cela peut être un autre adulte. Il faut entre l’enfant et l’adulte de référence une relation saine, harmonieuse, bienveillante, ce qui générera un bien être grandissant. Cette figure d’attachement deviendra ensuite une base de sécurité vers laquelle l’enfant viendra y chercher le sécurité en cas de besoin, puis ira ensuite explorer le monde dès qu’il aura acquis la sécurité suffisante auprès de son « caregiver ». Cette première figure d’attachement conditionnera tous les autres attachements que l’enfant rencontrera tout au long de sa vie ; Mary Ainsworth ajoute la notion d’attachement sécure et insécure (anxieux, évitant) à celle de Bowlby . D’après elle, c’est la qualité des soins reçus dans la toute petite enfance qui détermine de type d’attachement développé par l’enfant.
Si un attachement a été sécure, le « caregiver » a répondu rapidement et de manière approprié aux demandes de l’enfant. La sécurité est acquise, l’enfant sait qu’elle est là en cas de besoin, cela lui permis donc de pouvoir explorer le monde sereinement et s’épanouir pleinement.
Si un attachement a été évitant, le « caregiver » ne répond pas ou peu aux demandes de l’enfant, ce qui valorise une indépendance exacerbée chez l’enfant. L’enfant « ravale » ses émotions, les « tait »! Non entendu, il ne manifeste aucun signe lors de séparation avec le « caregiver » (ni pleurs, ni apaisement au retour).
Si un attachement a été anxieux, ambivalent, le « caregiver » a donné une réponse incohérente à l’enfant. L’enfant se perds et devient insécure et manifeste du stress lors des séparations. Il ne veut jamais se détacher de son « caregiver » et vit dans la crainte perpétuelle de perdre l’autre.
Si un attachement a été désorganisé, le « caregiver » a une attitude en retrait et parfois violente. L’enfant craint sa figure d’attachement et peut lui aussi manifester de la violence surtout à l’âge adulte (ou abus).
Revenons à Bowlby qui insiste sur le fait que les enfants naissent en étant programmé pour créer du lien avec les autres. L’attachement est inné, il a une valeur de survie. Le bébé produit des comportements innés de « libération sociale » comme pleurer et sourire, qui stimulent l’attention des adultes.
Il insiste sur le fait que beaucoup de chose se jouent la première année de l’enfant. Si un attachement se brise au cours de la période critique des deux ans, l’enfant peut avoir des conséquences irréversibles. Autrement dit, l’interruption du lien peut entraîner des difficultés cognitives sociales et émotionnelles à long terme (agression, dépression, psychopathie sans affect). Une brève séparation peut aussi être source d’angoisse pour l’enfant, cela passe d’ailleurs par 3 étapes :
la protestation : l’enfant pleure quand le parent s’en va
le désespoir : les protestations diminuent mais l’enfant se désintéresse
le détachement : si cela dure trop longtemps, l’enfant va interagir avec d’autres personnes et rejettera la personne à son retour. Je veux même ajouter par mon vécu que l’enfant peut même développer des problèmes de santé car le corps va intégrer cette souffrance psychique ; Le corps prends le relais et s’exprime par les maux physiques. Bowlby affirme qu’ une maman est un « caregiver » important mais que tout autre personne adulte peut jouer ce rôle dignement. Si la maman est heureuse dans son travail et souhaite travailler, un enfant se développera très bien chez une assistante maternelle digne que s’il est gardé continuellement par une maman frustrée ou déprimée. L’essentiel est d’avoir une figure primaire offrant un échange de qualité. Les figures d’attachement dans le collectif tels que les crèches doivent être de qualité car cela peut être être une niche sensorielle très importante ; Lorsque l’on joue ou parle avec un enfant, on modifie sa biologie, on sculpte son cerveau !